23 octobre 2025
Lorsque l’on prépare une course de trail ou que l’on revient d’un entraînement, on aime souvent vérifier le dénivelé de la séance. En effet, c’est un indicateur qui permet d’évaluer la difficulté de ce qui a été accompli ou de ce qui nous attend.
Mais parfois, l’organisation d’une course annonce un certain dénivelé, et au terme de la course, on obtient une valeur différente. En comparant avec d’autres participants sur Strava, eux aussi trouvent encore d’autres chiffres…
Alors, qui a raison ? La trace GPS, le baromètre, ou la correction altimétrique de Strava ?
Avant tout, voyons comment le dénivelé est généralement utilisé pour comparer les courses.
De nombreux modèles se sont succédés et perfectionnés au fil du temps, avec un objectif commun : relier le dénivelé à la dépense énergétique afin de pouvoir comparer des courses entre elles.
Pour une pente donnée, on peut déterminer la dépense énergétique et la comparer à celle d’une allure sur terrain plat.
De nombreuses études ont proposé des modélisations (Bannister, Minetti, Di Prampero, Balducci, etc.) :
La dépense totale sera donc la somme des dépenses « locale ». Le dénivelé n’est pas directement important car on regarde les pentes et les modèles étant non linéaires deux distances identiques avec le même dénivelé peuvent avoir une répartition des pentes différentes et donc une dépense énergétique différente pour un même temps de parcours. D’ailleurs l’analyseur de parcours, l’estimateur de récupération et l’analyseur d’affutage de l’application feuille de route fonctionnent ainsi pour comparer les sorties et portions de parcours et en sortir des indicateurs pertinents.
L’avantage de cette approche globale c’est qu’il n’est pas nécessaire d’analyser le parcours exact car tout est noyé dans des indicateurs qu’ils soient liés au terrain ou aux autres coureurs. L’estimateur de temps de l’application feuille de route fonctionne sur ce genre de modélisation.
Ces approches, locale et globale, visent toutes deux à comparer des performances sur des bases cohérentes. Et mis à part pour Betrail elles reposent directement sur le dénivelé, qu’il soit total ou local.
Intuitivement, on considère que le dénivelé est simplement la différence d’altitude entre le bas et le haut d’une montée.
Mais que se passe-t-il si, en montant, on grimpe sur un rocher, descend derrière, puis remonte ?
Le dénivelé total inclura alors logiquement cette petite descente et donc montée supplémentaire.
Par contre si un autre coureur saute par-dessus le creux à l’arrière du rocher, son dénivelé sera il plus faible ?
Si l’on veut être rigoureux, sur un terrain naturel, chaque micro-relief (rochers, racines, irrégularités) ajoute ou retranche du D+.
Ainsi mesurer le « dénivelé vrai » au sens physique, en suivant le sol point par point, donnerai, même pour une montée apparemment continue, une succession de micro-ascensions et descentes.
Le dénivelé « vrai » n’est pas ce qui intéresse le coureur. Ce qui compte, c’est l’énergie dépensée et donc le déplacement de son centre de gravité.
Or cette mesure dépend du style de course :
Ainsi, le dénivelé utile pour estimer l’énergie dépensée n’est ni le « vrai » dénivelé du sol ni la variation du centre de gravité : c’est donc un indicateur empirique.
Une technique d’estimation peut consister en un lissage des données, par exemple en ne comptant une variation d’altitude que tous les X mètres (X pouvant correspondre à une foulée moyenne par exemple).
Mais quelle valeur choisir ? 1 m ? 1 m 10 ? Et si je suis en vélo est-ce raisonnable de prendre la longueur de foulée comme référence ?
Il n’existe aucune norme : chaque constructeur, chaque plateforme a son propre seuil.
Deux technologies principales permettent de mesurer l’altitude et donc le dénivelé sur une montre de sport :
Les meilleures montres fusionnent aujourd’hui les deux sources, mais cela reste imparfait pour les raisons évoquées plus haut.
S’ajoute encore la fréquence d’acquisition (avec une mesure par seconde, on néglige les éventuelles variations qui ont lieu entre ces deux acquisitions) et la filtration numérique des valeurs aberrantes : autant de sources d’écarts.
Derrière une valeur chiffrée apparemment précise, le dénivelé positif est une donnée bien moins objective qu’elle n’y paraît.
C’est un compromis qui est sensé représenter une valeur physique compliquée à définir pour estimer indirectement un impact physiologique le tout perturbé par des techniques d’acquisition et de traitement du signal : une « approximation utile » plus qu’une mesure exacte.
En résumé :
Alors, inutile de chipoter pour quelques dizaines de mètres de différence : ce n’est pas le D+ qui fait la course… mais les jambes !
Fred de l’équipe 🍃 Feuille de route 🍃